Tout le monde s’accorde à dire que la relation de confiance ne se décrète pas.
La confiance se gagne, lentement, par les actes et l’exemplarité.
Mais elle se perd rapidement et il est difficile de sortir du cercle vicieux de la défiance.
L’ambition de ce billet est de vous donner des clefs pour créer au travail les conditions d’une confiance solide et également partagée.
Le serment des temps anciens : Jurer par tous les dieux !
Il fût un temps tumultueux qui grouillait d’acteurs de taille et de souveraineté variables. Tribus, royaumes, cités-États et empires.
Tous étaient confrontés au même dilemme : à qui peut-on se fier ? Comment garantir un accord, une alliance ? Quels sont les garants d’un pacte ? Comment établir une relation de confiance ?
Tout a été tenté !
Les rituels contractuels : des écrits sont signés et conservés pour faire autorité. Mais leur validité peut facilement être contestée.
Les rituels déclaratifs : les serments, la bonne foi et les promesses. Volatils et sujets à interprétation.
La fragilité de ces rituels supposait donc une caution dont la nature a pu varier dans le temps. Les différentes options ne manquent pas d’originalité.
Les cautions physiques : cracher, tirer la langue, le baiser, l’accolade, la collée.
Toutes ont pour objectif de prouver concrètement qu’on ne souhaite pas s’en prendre physiquement au corps de l’autre. Se serrer la main était d’ailleurs initialement un moyen de montrer que l’on n’était pas armé, qu’aucune dague n’était dissimulée dans un repli de la manche.
Ces cautions physiques sont devenues des pratiques courantes, présentes tout au long de la journée. Elles ont pour mission d’essaimer la confiance dans le corps social.
Au Tibet, tirer la langue en guise de salutation permet de vérifier qu'elle n'est pas noire, et donc, qu'on n'a pas en face de soi la réincarnation du fameux Lang Darma.
La caution divine est restée l’une des plus valables et des plus respectées. Jurer sur ce qu’il y avait de plus sacré, c’était prononcer des serments nous liant dans l’autre monde. Se parjurer revenait à se damner pour l’éternité.
Pour les plus suspicieux et les plus difficiles à mettre en confiance, la caution divine avait un coût supplémentaire, le plus souvent sacrificiel = ceinture + bretelles.
Tite-Live par exemple rapporte que le rituel de paix des Lusitaniens impliquait l’immolation d’un cheval et de son cavalier.
Une forme dite civilisée du sacrifice, qui s’est généralisée dans l’occident à partir du moyen-âge, fût la prise d’otage. Petit prince confié à l’ennemi le temps de son éducation pour prévenir toute forme d’agression. Princesse offerte en mariage dès la naissance pour fortifier l’alliance. C’est la caution humaine.
À présent que l’on ne peut plus ni cracher, ni invoquer les dieux, encore moins sacrifier son prochain, que nous reste-t-il pour éloigner la défiance et créer les conditions de la confiance dans l’environnement qui nous intéresse ici : au travail ?
Le contrat et la déclaration constituent le socle de notre contrat de confiance.
Ils nous sont parvenus du fond des âges, épurés, simplifiés : bruts.
Ils ont pour seule et unique caution : nos actions.
Comment nourrir par l’action les 3 niveaux de confiance au travail ?
1 - La confiance en soi
Chaque individu, pour agir avec sérénité dans son environnement, réclame :
Des objectifs réalistes et concertés
Un accompagnement de la montée en compétence
Une parole écoutée et prise en compte
2 - La confiance en son manager
Au niveau supérieur, se situe la confiance accordée au cadre : les règles qui régissent le fonctionnement collectif, et l’homme qui l’incarne.
Le collaborateur a alors besoin de :
Protection : mon manager est à mes côtés en cas de difficulté
Liberté : au sein d’un cadre défini et co-construit, j’agis avec autonomie
Transparence : je suis informé de tous les sujets qui me concernent, au bon moment et en totalité
Réciprocité : je donne et j’obtiens en retour
3 - La confiance en son entreprise et sa direction
Enfin, plus que la cerise sur le gâteau, la condition sine qua non d’une adhésion pleine et entière aux missions est le niveau de confiance accordée à l’entreprise ou à l’institution, et en particulier à son équipe de direction.
Cela implique :
La vision : la stratégie globale poursuit un objectif contrôlé et positif
La loyauté : mes intérêts ne sont pas trahis
L’équité : quoi qu’il arrive, je suis traité avec justice
L’humanité : la raison d’être de l’entreprise intègre le progrès et l’épanouissement humain en son sein
Chaque fois que vous êtes confronté à une baisse de confiance, demandez-vous :
✔️ À quel niveau l’individu (ou le groupe) est-il le plus impacté ?
✔️ Quelles actions de renforcement adaptées puis-je déployer ?
✔️ Qui alerter lorsque l’action n’est pas à ma portée ?
En dernier recours, pour faire passer les couleuvres, il vous reste l’hypnose.
Merci pour votre lecture et à la semaine prochaine !
(Je tente ma chance pour vous faire partager ma newsletter 😜)