Quelle est votre espérance de vie professionnelle ?
La retraite, c'est mieux d'en profiter vivant !
Lorsque l’on évoque la retraite, ce sont des images de voyages, de vies oisives et de repos bien mérité qui affluent.
Illuminées par cette perspective, nos vies de travailleurs ressemblent à un long voyage fastidieux dont l’aboutissement est un petit paradis.
Depuis quelque temps, cette vision d’Épinal est remise en question.
Plus on rame, et plus la terre promise s’éloigne.
On se sent floué, démotivé.
À quoi ça sert de bosser si c’est pour ne jamais se retraiter ?
Dans ce billet, je vous propose de penser au moyen d’adoucir ce chemin qui nous mène à la retraite.
Mais avant tout chose, faisons notre petit détour historique habituel.
La retraite c’est pour les morts ?
Dans les peuples de chasseurs-cueilleurs, point de retraite.
Chacun participe à la survie du groupe à hauteur de ses possibilités.
Parvenus à un âge avancé, les anciens ont plusieurs options :
La pratique japonaise de l’Ubasute, consistant à abandonner loin dans une montagne, jusqu'à leur mort, les anciens et infirmes du village (photo ci-dessous).
Le suicide comme les vieux inuits soulageant le village de leur bouche inutile.
La solidarité du clan.
La prise en charge par le groupe est bien heureusement la situation la plus répandue. En atteste le fossile de l’homme de Néanderthal découvert à Shanidar en Irak, qui a été amputé et soigné par son peuple malgré son handicap.
Cette solidarité envers les anciens et les invalides fonctionne naturellement au sein du clan et de la famille au sens large.
Orin-Yan, en pleine ballade de Narayama, expliquant à son fils les bénéfices de la retraite à point.
En France, en 1900, les anciens, sont encore pris en charge par les familles à la campagne.
C’est l’industrialisation et la migration massive des populations vers les villes qui brise ce système de solidarité au sein des familles.
Plusieurs facteurs rendent rapidement le principe de la retraite incontournable au début du 20ᵉ siècle.
L’accélération de l’exode rurale dès 1850.
L’allongement de l’espérance de vie grâce à la vaccination.
La première guerre mondiale et son cataclysme social laissant dans le besoin plus de 800 000 veuves et de très nombreux invalides.
En 1910, la première loi sur les retraites ouvrières et paysannes accorde aux salariés les plus modestes une retraite à l’âge de 65 ans.
Financée par des cotisations salariales et patronales, elle suscite bien des oppositions.
✔️ Les paysans se méfient de l’État.
✔️ L’Église pense que cela va plonger toutes les âmes dans le péché de paresse.
✔️ Le patronat estime que cela va ruiner l’industrie.
✔️ Et la CGT dénonce cette « retraite pour les morts ». L’espérance de vie étant à l’époque, en effet, de 50 ans.
Bref, dès le départ, la retraite ne va pas sans son corollaire de manifestations.😅
Quelle est votre espérance de vie professionnelle ?
Au départ, la retraite est envisagée comme une pension pour invalide, un subside permettant d’attendre la mort dans la dignité.
Aujourd'hui, la retraite est perçue comme une étape à part entière de la vie. Et par n’importe laquelle, celle de la liberté, de la joie et du loisir. La retraite, c’est le repos du guerrier pour l’éternité.
Du temps où chacun avait l’espoir de bénéficier avec équité de sa part de repos, certains aspects pénibles du travail étaient plus facilement endurés.
Je courbe l’échine, car j’ai l’espoir que tout cela s’arrête un jour.
Alors que la perspective d’une retraite confortable et garantie devient plus douteuse, un nouveau besoin s’exprime : celui du plaisir, du loisir et de la liberté tout de suite.
C’est un des sens de la grande démission.
Je refuse de me tuer au travail au nom d’une récompense qui ne viendra pas. Je veux profiter de ma vie immédiatement.
La notion de déroulé de carrière avec ce qu’elle suppose de couleuvres avalées en cours de route s’est effondrée.
Elle a perdu toute crédibilité.
👋 La nouvelle génération n’attendra pas d’être grand-parent pour profiter de ses petits-enfants. Elle réclame un équilibre harmonieux entre la vie professionnelle et la vie de famille.
👋 Les travailleurs n’accepteront plus de partir
épuisés en vacances, car ils veulent en profiter. Ils souhaitent un quotidien qui intègre la pause et respecte leurs rythmes biologiques.
Ce n’est plus l’émerveillement de l’arrivée, mais le pittoresque du voyage qui compte.
Ce n’est pas la beauté du paysage au sommet, mais la joie de l’ascension qui prime.
L’expérience salariée, la nouvelle exigence à prioriser !
Coté employeur, cette mini-révolution crée de nouvelles obligations. Pas de culture d’entreprise sans une réflexion sur la qualité de l’expérience salariée proposée.
Voici quelques idées pour l’optimiser :
Faites de la pause une partie du temps de travail.
Orchestrez les rythmes tout au long de l’année, avec des périodes de rushs et d’accalmies.
Ajustez l’intensité des postes en fonction des besoins tout au long de la vie.
Créez ou choisissez des postes à intensités variables.
Pensez la décélération quelques années avant les départs en retraite.
Envisagez les césures de plusieurs mois ou une année en cours de carrière pour garder vos talents les plus aventureux.
Pensez systématiquement télétravail et flexibilité.
Prenez en compte le corps de vos collaborateurs : sport, nutrition, postures de protection.
Soyez originaux, soyez innovants, osez placer l’expérience salariée au cœur de votre culture d’entreprise.
Et vous avez tout à y gagner en termes de marque employeur et de rétention de vos plus beaux talents.
La vraie raison de l’existence du bureau assis-debout : le hamac de bureau…
Comment allonger votre espérance de vie professionnelle ?
Vous le savez bien : on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même…
Pour travailler vieux et en bonne santé, il n’est jamais trop de tôt de penser à :
Vous former tout au long de la vie 👉 vous pourrez ainsi progressivement changer de métier, exercer celui qui correspond à chaque étape de votre vie.
Lutter contre le surengagement 👉 non seulement le surengagement est une cause principale de burn-out, mais la tête dans le guidon, vous manquez toutes les évolutions, vous allez vous retrouver sur le banc touche après être tombé épuisé et en complète désuétude.
Maintenir un juste équilibre vie pro/vie perso 👉 Ce juste équilibre ne se fait au détriment ni de l’une ni de l’autre.
Anticiper son évolution de carrière 👉 Penser sa carrière au coup par coup demande beaucoup d’énergie et génère du stress ainsi que de l’insatisfaction.
Préparer ses derniers postes 👉 Construire une fin de carrière qui permet de décélérer en douceur sans devoir se frustrer. C’est tout de même mieux de finir en beauté !
Profitez de la vie maintenant !
Replacez la joie et le plaisir au cœur de vos pratiques professionnelles !
Bonne semaine 😊
Merci de lire Le génie de l’évolution !
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Article super instructif 👏🏾👏🏾