Pourquoi tout contrôler est le pire qui puisse vous arriver ?
Faites de l'espace à la sérendipité !
Quand on a l’esprit exigeant, la peur de commettre des erreurs nous pousse à tout contrôler.
Et pourtant, force est de constater que l’on n’est pas parfait et que, malgré toute la bonne volonté du monde, on se trompe.
C’est inévitable, on ne peut pas tout maîtriser.
Ce n’est pas si grave et c’est même une chance.
Car tout ce que l’on cesse de contrôler laisse de la place au hasard et donc… à la sérendipité.
La sérendipité, c’est faire par hasard une découverte inattendue qui s'avère ensuite fructueuse. Elle est très illustrée dans le domaine des sciences.
1 - Les vertus de la mauvaise humeur de monsieur Goodyear.
Parmi les récits les plus connus, citons Charles Goodyear qui a inventé le caoutchouc. Il a découvert son procédé de vulcanisation non seulement par erreur, mais par mauvaise humeur.
Charles commet en effet une faute de manipulation qui enflamme le morceau de latex sur lequel il travaille. Très en colère d’avoir gaspillé de la matière, il le jette par la fenêtre. Le lendemain matin, ne pensant déjà plus à son échec, il sort de chez lui et tombe sur le morceau de latex brûlé puis refroidi : il est parfaitement lisse, résistant et élastique. Charles réalise qu’il vient de trouver - par hasard - ce qu’il était en train de chercher.
La sérendipité est donc une grande source d’innovation.
Et pourtant, nos organisations de travail tendent à la faire disparaître.
📌 Le fonctionnement par objectif.
📌 La mise en process systématique.
📌 Le contrôle qualité et l’efficience.
📌 La gestion des risques.
Autant de pratiques dont l’objectif est de réduire l’irruption du hasard dans nos vies professionnelles.
Malheureusement, plus nous cherchons à avoir le contrôle, moins nous laissons de place à la créativité et l’intelligence collective.
C’est la raison pour laquelle les start-up sont aussi innovantes au départ, puis tendent à s’immobiliser. Lorsque la taille de l’entreprise atteint un certain seuil, la nécessité de structurer et de modéliser bride lentement, mais sûrement, la créativité.
Alors bien entendu, il ne s’agit pas de déclarer les process inutiles ou de prétendre pouvoir se passer de toute forme de contrôle.
Il s’agit de faire émerger, en plus de ces espaces maîtrisés, des zones propices à la sérendipité.
2 - Comment faire de nos défauts nos plus beaux joyaux.
🚀Développez l’esprit intrapreneurial.
Favorisez le pas de côté : toute personne en interne est invitée à proposer des idées et tester des projets qui n’entrent pas directement dans les objectifs stratégiques.
C’est ce qui est proposé chez Google, les salariés sont autorisés à passer 20% de leur temps au bureau sur un projet qui n’a rien à voir avec leur travail.
Et c’est au cours de ce temps-là que la messagerie Gmail a été développée, ainsi que Google Street View.
🚀Provoquez la transversalité.
Le fonctionnement en silo provoque une spécialisation qui nuit à l’innovation.
Travailler entre services, partager les problématiques, en fait émerger de nouvelles, impossible à visualiser lorsqu’on agit de manière isolée.
🚀Proposez des workshops plutôt que des réunions.
Nous avons la tradition de nous réunir pour discuter. Avec souvent le sentiment de perdre notre temps ou de le passer à se disputer.
Agir ensemble, travailler en groupe, chercher les solutions pratiques conjointement ouvre les perspectives et crée beaucoup de valeur ajoutée.
🚀Changer de regard sur la performance.
Contrairement à ce que l’on pense : performer n’implique pas de produire un effort constant et régulier.
On peut alterner entre des périodes de sous-performance et des périodes d’intense activité. Ce qui est valable pour l’individu l’est autant pour les équipes.
La sérendipité se niche spécifiquement dans nos phases de baisse de vigilance, lorsque tout nous pousse à lâcher-prise et à accueillir l’imprévu.
Ceci est parfaitement illustré par le problème de la courbe brachistochrone 👇
La sérendipité a cela de merveilleux : elle nous invite à nous réconcilier avec la part la plus imparfaite de notre identité.
S’abandonner à la baisse de vigilance, céder à nos impulsions, assumer son envie de flâner… Autant de comportements méprisés qui assurent pourtant notre succès au même titre que nos plus belles qualités.
Le temps est venu de ne plus culpabiliser individuellement, mais de capitaliser collectivement sur nos défauts.
La serendipité est un de mes concepts préférés !
Comme j'ai un agenda bien chargé, je garde des créneaux de rencontres de personnes dont je n'attends rien, pour justement continuer à découvrir des choses sans rien attendre au départ !
"Ici la Tour de Contrôle !..."
Bonjour, Nolwenn,
Je me garderais bien de dire à ses agents qu'ils ne contrôlent rien.
Cela dit, j'adore cette histoire de la mauvaise humeur de M. GOODYEAR qui débouche sur la découverte du caoutchouc ! Elle me fait penser que parfois, je lâche ce que je crois être une grosse plaisanterie, et je tape dans le mille !
Dans le fait de vouloir tout contrôler, je vois de la rigueur et de l'anticipation.
Je comprends aussi que vouloir tout contrôler dérange parce qu'il n'y a alors plus de place pour l'intelligence collective et que l'intelligence individuelle s'exprime librement. Or, nous sommes ici pour nous exprimer dans notre individualité. C'est ainsi que nous ferons ressortir nos talents, pour le bienfait de tous.
Cela dit, je comprends un peu ceux qui veulent "tout contrôler": c'est leur vie. C'est à eux et non aux autres de la contrôler et de se contrôler.
Que diriez-vous de tout contrôler intuitivement et non plus mentalement ?