Les IA menacent-elles notre génie évolutif ?
Quelle est votre valeur humanité à l'heure des IA génératives ?
Au travail comme en tout, nous aimons exceller.
En tant qu’espèce, nous avons la gloire d’être les champions de l’évolution.
C’est d’ailleurs l’objet permanent de cette newsletter : valoriser ce génie évolutif. Celui de l’espèce et que nous portons en chacun de nous.
L’année passée, nous avons pourtant vacillé sur notre piédestal.
Les IA ont débarqué dans nos vies comme un groupe d’enfant armé d’un paquet de chips dans votre joli salon. Vous aurez beau prendre toutes les précautions. Il y en aura partout.
Les IA génératives nous concurrencent sérieusement. Leur capacité est immense et donc irrésistible. Au point de se demander si nous ne sommes pas sur le point d’être carrément détrôné.
Notre humanité aura-t-elle une valeur ajoutée dans le monde du travail de demain ?
Dans cette newsletter, je vous propose mon habituel petit voyage historique, pour tirer des leçons du passé et trouver le moyen de nous adapter au défi de l’intelligence numérique.
1 - De la “grosse culotte” à la “grosse tête”.
À la fin du XIXᵉ siècle, la force physique, la puissance musculaire est encore ce qui est le plus admiré. Les travaux des champs ne sont pas loin. L’homme qui peut remplacer ses bœufs suscite l’admiration du village.
Dans “Les misérables”, Jean Valjean redevient puissant et bon aux yeux du monde lorsqu’il sauve Champmathieu en soulevant le chariot lourd sous lequel il est coincé. Sa puissance physique a valeur d’autorité morale.
Cette adoration de la force humaine persiste dans la société industrielle. Dans les fonderies, la “grosse culotte” désigne celui qui est capable de sortir du moule éponyme les pièces géantes de fonte. Par extension, il devient l’ouvrier qui forme lui-même ses apprentis, contrôle le marché du travail et fait ses prix.
Puissant physiquement, il fait autorité dans la hiérarchie.
Mais avec l’arrivée des machines soulageant la peine des travailleurs, la force physique perd de sa superbe.
L’alphabétisation de la population, l’école obligatoire propulse les compétences intellectuelles sur le devant de la scène.
On admire les enfants pendant les concours oraux d’orthographe (mon cauchemar si je puis me permettre). On glorifie l’hypermnésie. La grosse tête supplante la grosse culotte.
La capacité de travail ne s’évalue plus au nombre de kilos soulevés, mais au nombre de dossiers traités ou au volume de connaissance accumulé.
2 - L’humain s’exprime dans le lien.
Lors de la transition d’une société industrielle vers une société de service, les compétences intellectuelles humaines ont donc fortement été mises à profit.
Deux nouvelles compétences clefs ont été valorisées : le volume et la vitesse.
📌Le volume de connaissance : en apprendre le plus possible, devenir expert de son domaine.
📌La rapidité d‘exécution : en faire le plus possible en une journée.
Mais toutes ces tâches fondées sur le volume et la vitesse sont aujourd'hui réalisées par les IA avec une performance nettement supérieure à la nôtre. Il n’est pas envisageable de rivaliser.
Nous en arrivons alors à cette question fondamentale que j’ai posée à chatGPT : “Quelles sont les fonctions cognitives humaines avec lesquelles tu n'es pas capable de rivaliser ?”
Je vous laisse la curiosité d’aller poster ce prompt et lire sa réponse.
Mais voici ce que j’en retiens. L’humain s’exprime dans le lien.
Le lien entre individus et le lien entre les idées.
3 - Savez-vous prompter ?
La grande différence entre l’intelligence artificielle et l’intelligence humaine, c’est l’incarnation.
Nous sommes des êtres sensoriels et émotionnels. C’est ce qui nous permet de créer du lien social, d’entrer en empathie et d’émettre des jugements moraux.
Nous sommes capables d’intuition et dotés d’intention. Notre curiosité naturelle, le goût pour l’exploration, l’esprit de rébellion, le refus des limitations font de nous des êtres qui produisent de l’action.
Notre humanité pourrait s’exprimer ainsi : notre capacité à questionner le monde sur la base de nos ressentis.
Voici un exercice que je propose souvent en groupe : le starbusting. C’est une méthode de brainstorming qui consiste à poser des questions plutôt qu’à chercher systématiquement des réponses. Il met en lumière la pertinence du questionnement pour faire émerger de nouvelles idées et ouvrir la pensée collective.
Aujourd’hui, nous ne pouvons déjà plus rivaliser avec les IA dans la production des réponses. Mais nous pouvons nous distinguer dans la qualité des questions posées.
“Savez-vous prompter ?” est probablement la question de l’année !
Pour finir, et en résumé, voici donc les compétences clefs à valoriser au travail dans le monde de demain.
L’intelligence émotionnelle et relationnelle.
La capacité à interroger le monde et à produire les questionnements pertinents.
La pensée créative et intuitive.
La prise de décision déontologique et la production de normes morales.
Les avez-vous reconnues ? Moi, oui 😊
Car elles définissent très bien le leadership.
Lâchez prise sur l’exécution et les solutions.
Prenez de la hauteur et développez avec votre pensée stratégique, votre capacité d’analyse critique.
Apprenez à formuler les bonnes questions
Demain, tous leaders.