Lorsque j’interviens en salle à vos côtés, je perçois à quel point deux modèles d’autorité se disputent la première place dans nos esprits.
Il y a d’un côté le modèle hiérarchique et autoritaire. Droit, sérieux, sécurisant, mais également rigide et coercitif. Il apparaît souvent comme efficace, mais démodé.
Il y a de l’autre côté le modèle horizontal et libertaire. Plus humain, empathique, créatif, mais également bordélique et bruyant. Il apparaît inefficace et utopique.
De ces deux modèles découlent deux visions de l’autorité qui semblent impossibles à concilier.
Et la première, historiquement éprouvée, tend naturellement à l’emporter sur la seconde, plus expérimentale et farfelue.
Dans ce billet, nous allons tenter de :
Détrôner le modèle dominant du chef autoritaire
Labourer le champ des possibles
Construire un modèle universel et adapté
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1-L’illusion hiérarchique : détrôner le chef !
Notre lecture de l’évolution des sociétés est plutôt simple, voire caricaturale. Voici le bref résumé de cette vision linéaire de l’Histoire.
L’homme préhistorique incarne l’immaturité humaine : soumis à ses pulsions, une intelligence en devenir, mal exploitée, il possède une technologie maladroite et grossière.
Il sort de cette enfance de l’humanité en se mettant à cultiver.
Pour conserver son grain, il se sédentarise et construit de vastes cités.
Enfin, celles-ci devant être gouvernées, apparaissent presque spontanément les premières royautés.
Le voilà devenu un être historique et soumis à l’autorité hiérarchique.
L’Histoire qui s’ensuit est le récit de tentatives d’organisation de nos sociétés, plus ou moins achevées, certaines décisives.
Toutes seraient le fait d’individus remarquables dont l’action aurait façonné le monde et construit les fondations de nos sociétés.
Bref, l’Histoire progresse sous l’impulsion des chefs.
La modernité est le fruit de solides hiérarchies.
Le modèle est puissant, car il simplifie notre vision.
Il impose malheureusement comme une évidence le modèle du leader directif et masculin. Il légitime une représentation pyramidale de la hiérarchie.
Cela laisse peu de place aux modes d’encadrements plus souples et collaboratifs, ainsi qu’à l’émergence de leaders féminins.
Cette vision linéaire est pourtant totalement fausse et le produit d’une reconstruction historiographique très récente.
La réalité archéologique dresse un tableau extrêmement différent.
2 - Labourer le champ des possibles.
Voici quelques faits archéologiques sous forme de contre-intuitions, à réintégrer dans notre évolution.
La révolution agricole n’a pas eu lieu.
Il y aurait eu un avant et un après.
Un avant nomade de chasseurs-cueilleurs plutôt pacifiques. Un après sédentaire de propriétaires guerriers.
Un avant de la liberté. Un après de l’autorité centralisée.
En réalité, il n’y pas eu un grand changement bouleversant dans le mode de vie de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs. Longtemps, cultiver des racines a été une alternative essentielle sur des terres trop peu riches en gibier. C’était l’activité des pauvres en somme.
Il a fallu beaucoup de temps pour que cultiver soit perçu comme une activité de valeur.
Puis, les territoires de chasses étant progressivement envahis par les champs, les chasseurs nomades ont été relégués dans les marges et dans les territoires les plus difficiles à exploiter.
Il n’y a donc pas eu un jour où l’homme, encerclant un territoire, proclamait : ceci est à moi pour toujours ! … condamnant l’humanité à se faire querelle pour la propriété et inventant des formes toujours plus subtiles de hiérarchie et d’autorité.
L’agriculture a été inventée par les femmes.
Comme souvent, les tâches ingrates étant réservées aux femmes, ce sont elles qui sont devenues les premières cultivatrices.
Au point qu’on affirme aujourd’hui que l’agriculture a été inventée par les femmes.
La troisième invention la plus importante de l’Histoire, après l’outil et le feu, est résolument féminine.
Les divinités de l’époque manifestent ce féminin dans toute sa majesté.
Les femmes sont depuis l’origine des actrices premières de l’évolution de nos sociétés.
Les groupes se sont continuellement protégés de l’émergence du leader charismatique.
Encore plus important, le modèle du leader charismatique a fréquemment été envisagé comme un danger.
De nombreuses cultures ont imaginé des manières originales d’endiguer les egos et de limiter le pouvoir du chef.
Chez les bushmen en Afrique, le meilleur chasseur est systématiquement rabaissé pour qu’il ne tire aucun orgueil de son talent. Ne pas être tenté par la gloire, ne pas valoriser l’individualité est un moyen de préserver la cohésion du groupe dans un environnement rigoureux.
Dans son célèbre ouvrage “Tristes tropiques”, C. Levi-Strauss rapporte le mode de vie à la fois sédentaire et nomade d’une tribu amérindienne. La moitié de l’année, celle de la disette et du nomadisme, un chef les guide et fait rudement autorité. Les 6 autres mois, ceux de l’abondance et de la sédentarité, son rôle disparaît et il subit sans limite les moqueries de ses comparses. C’est une manière cyclique de régler la tentative de prise de pouvoir définitive.
Alors que depuis environ 4000 ans, le modèle du leader charismatique, du héros qui se distingue du lot est valorisé, pendant des millénaires, de nombreux groupes ont tout fait pour s’en protéger.
Les grandes cités n’imposent pas la création de système centralisé.
“Oui, mais ceci n’était possible que parce que les groupes étaient relativement restreints.”
Sous-entendu, ce n’est que dans les petits groupes restreints que l’on peut envisager des fonctionnements libertaires.
C’est le fameux problème de l’échelle : ce serait pour gérer l’immensité que l’autorité centrale aurait émergée.
Il semblait évident que la construction de greniers à blés et de cités avait marqué le début des guerres et des royautés. Il apparaît qu’à la fin du Vᵉ millénaire avant J. C, les gigantesques cités de Mésopotamie et de toute l’Eurasie ont longtemps été dépourvues de système de gouvernement centralisé. Chacun y vivait libre et en totale égalité.
Plus récemment, en 50 ap. J.C., le peuple de Teotihuacan dans le bassin de Mexico a tourné le dos aux grands monuments pour se lancer dans un programme de logement social.
L’échelle plus vaste des groupes humains n’impose pas des échafaudages sophistiqués pour fonctionner.
Alors, avons-nous adopté la seule solution favorable à notre évolution ?
Où avons-nous au contraire complètement fait fausse route ?
3 - Construire un modèle universel et adapté.
Après ce long détour, revenons-en au sujet qui nous intéresse : le management.
Chaque manager à son échelle revit à petite échelle le dilemme de nos sociétés depuis le début de l’humanité. Ni plus ni moins.
Nous sommes sans cesse tiraillés entre deux profondes aspirations :
Exister dans notre unicité, revendiquer notre liberté.
Bénéficier de la sécurité et du soutien de la collectivité.
Aux leaders actuels revient la lourde responsabilité de nourrir avec équilibre ces deux besoins fondamentaux.
Il est possible de réintégrer les deux dimensions verticales et horizontales, autoritaire et libertaire en procédant de la manière suivante.
✔️ Construire un cadre de travail précis, explicite, connu et validé par tous. Ce cadre précise :
les modalités de la prise de décision
la circulation et la répartition du pouvoir
les objectifs et le sens commun
les règles du jeu et du hors-jeu
✔️ Proposer le maximum de liberté, d’autonomie et de prise d’initiative à l’intérieur du cadre. La culture interne favorise alors, à l’intérieur et dans le respect du cadre :
La prise de risque
La tentative et la culture de l’essai-erreur
La prise de parole authentique et constructive
Le feed-back permanent entre les membres du groupe
✔️ Les rituels d’équipe permettent de ressentir concrètement l’existence du cadre collectif, protecteur, et la possibilité d’expression individuelle, permissive.
En cette période post-covid, alors que le monde entier cherche à redéfinir la valeur même du travail, le retour des rituels est annoncé.
Et il n’y aura pas de limites à votre créativité.
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J’ai 2 annonces à vous faire !
Le 1er séminaire : Leader naturel est en préparation !
Je vous prépare un séminaire incroyable avec un commandant d’unité d’escadrille Tigre de l’Armée.
Au programme, expérimentation en pleine nature de toutes ces variétés de postures de leadership.
Nous allons vous proposer un parcours pour vous reconnecter à nos origines nomades et tribales, puis pour expérimenter une méthode de construction écologique de la posture hiérarchique.
Si vous souhaitez en savoir plus, écrivez-moi à :
nolwenn@nolwennevolution.com
Mon site Internet est en ligne.
Après 15 ans d’activité, je me suis enfin décidé à le créer.
Tous les retours et les suggestions d’amélioration sont les bienvenus !