La conversation, c’est tout un art.
Notre culture valorise le bon mot, la joute verbale.
Avoir du répondant, du tac au tac, c’est avoir de l’esprit !
Et pourtant, cette vision de la conversation a des effets pervers en entreprise.
Les bavards, les extravertis et les gens culottés raflent toute la mise.
Les discrets, les introvertis et les émotifs sont écrasés.
Cette perception culturelle de l’éloquence a des conséquences importantes sur notre conception du leadership : le leader est souvent le beau parleur.
Dans ce billet, je vous propose quelques solutions pour redonner toute leur place aux silencieux !
Allez hop, commençons par notre habituel voyage dans le temps.
La culture de la joute verbale !
⚔️ Pour canaliser les pulsions guerrières et réguler les conflits internes au royaume, les rois ont imposé des règles aux combats. Tournois médiévaux, joutes chevaleresques, la violence autorisée était strictement encadrée.
Avec la disparition de l’armure, le duel s’impose comme une nouvelle forme de régulation des conflits dans les hautes sphères de la société.
Fréquemment, le point de départ d’un duel est un mot mal placé, une phrase offensante, une parole dont il faut laver le déshonneur par le sang.
🤺 Cette pratique massive provoque pas moins de 4000 morts pour la seule année 1607. Au point que le Cardinal de Richelieu et Louis XIII décident de l’interdire. Provoquer en duel est puni de mort.
Sous le règne de Louis XIV, la noblesse confinée dans les salons apprend à régler ses comptes par oral. Aux croisements de fer succèdent les joutes verbales.
On affirme son panache par un bon mot, on détruit une réputation grâce aux figures de style, on vénère les langues assassines.
Jeux de mots et poudre aux yeux, tout sauf risquer le ridicule au COMEX !
Pour en finir avec les combats de table ronde
Il nous reste de ces anciens combats de salon une réelle appétence pour la discussion enflammée et le combat d’idées.
Ce qui peut être une forme de plaisir, lorsqu’il s’agit de développer son éloquence, devient franchement problématique, lorsque l’on se réunit autour d’une table.
La loi de la jungle règne, c’est à celui qui saura le mieux occuper l’espace.
La loi de celui qui parle le plus fort se met instantanément en place.
C’est souvent inconscient. C’est donc un mécanisme très puissant.
Animer une réunion avec équité. Permettre à chacun de participer.
Réguler avec tact, reprendre la parole sans vexer.
Voilà autant de missions impossibles ici, et qui incombent au manager.
💡Et si nous allions nous inspirer des bonnes idées venues d’ailleurs ?
… Instaurons une culture du dialogue en cercle.
Mettons en lumière les cultures amérindiennes qui font du dialogue en cercle un élément clef de leur culture.
🪶 Voici les règles du dialogue en cercle chez les iroquois :
Parler à partir de soi et avec intention;
Écouter sans couper la parole (bâton de parole);
Parler au cœur du cercle sans chercher à débattre ou à avoir raison;
Laisser le temps à chacun pour que la parole authentique puisse s’exprimer.
Parlons ensuite d’une pratique qui nous vient d’Océanie : le cercle Samoan.
C’est un puissant outil de démocratie participative.
🗿Voici les règles du cercle Samoan:
Choisir un temps de débat;
Constituer un petit cercle de 5 places, entourez le d’un plus grand cercle;
4 places du centre sont occupées par les lanceurs du débat, la cinquième est vide;
Au bout de 5 à 10 minutes, toute personne du grand cercle peut venir s’asseoir sur la chaise libre;
Un débatteur du premier cercle doit alors libérer sa place et intégrer le grand cercle silencieux;
Le débat s’arrête naturellement ou après écoulement du temps initial.
Ce qui perturbe dans ces deux méthodes, c’est l’absence de conclusion apparente.
Et c’est pourtant un aspect remarquable.
On ne peut à la fois débattre librement et avec respect, tout en cherchant à conclure de manière tranchée et efficace.
Il convient d’agir en deux temps :
un premier temps d’expression, libre des idées,
un second temps de choix plus affirmé.
Les bavards ont un superpouvoir !
👅 On peut avoir la langue bien pendue, le verbe haut, un goût de débat passionné et le souci sincère d’intégrer toutes les idées, toutes les personnalités dans les discussions.
Si vous voulez mettre votre superpouvoir de bavard au service de la communauté, voici comment pratiquer !
📣 L'amplifying est une méthode de communication développée pendant la présidence de Barack Obama à la Maison Blanche pour encourager la participation des femmes dans les réunions où elles sont souvent sous-représentées.
Cette méthode a depuis été adoptée par de nombreuses entreprises pour valoriser les personnes qui prennent peu la parole et ainsi favoriser une culture de collaboration et d'inclusion.
La méthode de l'amplifying généralisée consiste à répéter ou renforcer les idées d'une personne qui prend peu la parole lors d'une réunion, pour s'assurer que leur contribution soit entendue et prise en compte.
Lorsqu'une personne est interrompue ou ignorée, un autre membre de l'équipe répète son idée et attribue le crédit à son auteur initial.
J’aime tellement cette pratique que j’en ai fait un post sur LinkedIn.
Avez-vous remarqué que j’utilise systématiquement cette méthode en salle de formation ?
C’est mon outil magique pour créer une dynamique de groupe naturellement chaleureuse et sécure !
À VOUS DE JOUER ! 😇
À très bientôt pour la prochaine édition !