Aujourd’hui, j’ai envie de revenir sur une analogie très utilisée ces dernières années dans le monde de l’entreprise : l’expression “premier de cordée”.
En alpinisme, le premier de cordée, c’est celui qui ouvre la voie, mène le groupe et assure, grâce à la corde, celles et ceux qui le suivent.
L’expression porte en elle une vision positive :
Le premier de cordée explore au nom des autres, évalue les risques, sécurise le groupe et endosse la responsabilité de la chute.
C’est la plupart du temps la version retenue pour valoriser les leaders.
Mais l’expression contient un implicite négatif :
La cordée, passé le second, devient la masse pesante des moutons de Panurge qu’il faut tirer parfois malgré eux jusqu’au sommet.
Cette vision renforce le principe des hiérarchies pyramidales, une vision du management paternaliste et un principe d’autorité descendante.
C’est bien entendu faire abstraction de la loi de la montagne qui abolit toutes les hiérarchies et unit les encordés dans une même lutte conjointe pour la survie.
Mais c’est rarement cette version qui est retenue. Le premier de cordée reste dans les esprits : le premier d’entre tous, le héros qui atteint le sommet et déplace les montagnes.
Dans ce nouveau billet, je vous propose donc d’enrichir le rôle de premier de cordée en lui ajoutant celui de premier de corvée.
Et si vous doutez du fait que ce soit une belle promotion, lisez ce qui suit jusqu’au bout 👍🏽
La corvée des Rois !
Le mot Corvée vient du participe passé de corrogare, qui signifie :
« inviter, solliciter ensemble ».
En Mésopotamie, lieu d’émergence des premières villes, la corvée avait une fonction symbolique très forte.
Dans un monde régi par le rythme de l’agriculture, les périodes hors champs servaient à travailler au service du bien commun.
Tous se retrouvaient pour la corvée, sans distinctions de richesse, de pouvoir, ou d’autorité.
Le roi lui-même s’acquittait de la corvée, comme cela est figuré sur ce tesson de poterie. Le roi y est représenté à la fois avec un panier en osier sur la tête et en train de siéger.
En travaillant coude à coude avec ses condisciples, il s’intègre pleinement au corps social.
Le travail collectif, l’unité dans la corvée, symbolise le lien qui maintient les individus ensemble.
De premier de cordée à premier de corvée…
Orchestrer des actions communes
Une des manières de favoriser la coopération dans une équipe est de couper avec le flux du quotidien, qui isole des individus dans leur silo d’activité, en créant des moments d’action collective.
Participer aux missions collectives
Un leader a tout à gagner en participant aux tâches ingrates et en relevant les manches avec les membres de son équipe. Il invite ainsi au travail commun, il sollicite un engagement naturel et spontané.
Instaurer des hiérarchies réversibles
Il est contre productif de rester tout en haut accroché à son rocher pour installer son autorité. Rejoindre le collectif et annuler la distance hiérarchique est un formidable moyen de responsabiliser et autonomiser chaque membre de l’équipe.
Affirmer son leadership, ce n’est pas que savoir chausser ses crampons et guider l’équipe dans la tempête.
C’est aussi avancer les mains nues devant son équipe, assumant d’être un pair parmi eux, vulnérable et soumis aux mêmes aléas de la vie professionnelle.
Super article nolwenn 🙏🏾